Le Matin : Vous venez de tenir le conseil d’administration de l’Office, quelles sont actions prioritaires pour l’OFPPT pour les années à venir ?
Larbi Bencheikh : Effectivement, nous avons tenu, le 28 mai dernier, une réunion du Conseil d’administration de l’OFPPT, consacrée à l’approbation du Plan d’action de l’année 2012. C’est dire l’intérêt accordé par les pouvoirs publics et les partenaires économiques et sociaux au développement de l’OFPPT et au renforcement de ses différentes prestations de formation, que ce soit en direction des jeunes ou des entreprises.
Pour ce qui est des actions prioritaires, comme vous le savez sous doute, nous poursuivons la concrétisation du Plan de développement à l’horizon 2016 avec un rythme de croissance de 12% annuellement. Pour cela, avec l’appui et l’implication de tous nos partenaires, nous poursuivrons les différents projets de développement de l’offre de formation, qui découlent, bien entendu, de l’approche stratégique que nous avons adoptée en accompagnement des grands chantiers économiques et sociaux, en l’occurrence dans les secteurs liés au Pacte national pour l’Émergence industrielle, le BTP, la Vision 2020 pour l’hôtellerie/tourisme, la Stratégie intégrée pour le secteur de la logistique, le Plan Maroc vert…
Autre action prioritaire pour les années à venir, la régionalisation de l’OFPPT, en cohérence avec les Orientations royales relatives à la régionalisation avancée et ce, pour un meilleur ancrage des entités régionales dans leur environnement socio-économique.
En outre, nous engageons également la refonte du système de financement de l’OFPPT pour la pérennisation des ressources financières ainsi que la modernisation du système d’information avec l’enrichissement de la cartographie fonctionnelle de l’OFPPT.
Pour une meilleure visibilité et un meilleur cadrage, un projet de Contrat-programme État/OFPPT ayant pour objectif principal la formation d’un million de jeunes, en conformité avec les besoins exprimés par les différentes études sectorielles, a été envoyé au gouvernement.
Tous ces projets restructurants seront complétés par la réorganisation de l’Office et la refonte de ses schémas organisationnels.
Sur le volet régionalisation, quelles sont les grandes mutations à venir ?
Effectivement, il s’agira de mutations que nous ambitionnons à travers la régionalisation de l’OFPPT pour atteindre une organisation moderne favorisant les meilleurs flux décisionnels, fonctionnels et opérationnels.
Comme vous le savez sans doute, le dispositif de l’OFPPT a vu ses effectifs se multiplier par 5 depuis 2002. De plus, nous avons lancé le Plan de développement à l’horizon 2016 visant la formation d’un effectif global de 1 million de jeunes. Ni les structures organisationnelles ni les procédures ne sont plus adaptées à cette évolution.
De plus, l’essor exponentiel du dispositif et la multiplicité des nouvelles missions rendent impérative la réorganisation de l’Office dans le sens d’un meilleur ancrage des entités régionales dans leur environnement avec plus d’autonomie, conjuguée à une meilleure articulation entre les différentes structures. Le scénario attendu est la création de mini-offices dans les directions régionales. Les structures centrales, quant à elles, devraient se recentrer sur les missions stratégiques d’orientation, de régulation et d’évaluation.
Pour ce qui est de l’avancement de projet : l’étude en cours est en phase de finalisation. Les différents scénarii seront prêts fin 2012 avec une mise en application, dès 2013, par une Direction régionale pilote.
Quel bilan faites-vous de l’année de formation en cours ?
En 2011/2012, l’OFPPT a programmé l’accueil en formation de 280 000 jeunes ; une offre de formation dimensionnée selon les besoins induits par l’essor économique et social que connaît notre pays, dispensée à travers un réseau de 307 établissements couvrant l’ensemble du territoire et 240 métiers.
Quant au nombre de lauréats au terme de l’année, il atteindra plus de 133 000 diplômés, conformément à la programmation adoptée pour le Plan de développement à l’horizon 2016.
Quelles sont les nouveautés prévues pour la prochaine rentrée ?
L’OFPPT s’apprête à accueillir 310 000 stagiaires pour la rentrée prochaine, dont 235 000 jeunes en 1re année, à former à travers un réseau atteignant quelque 327 établissements de formation.
De plus, cette rentrée sera caractérisée par l’ouverture de l’OFPPT sur de nouveaux métiers : il s’agit notamment de l’Institut spécialisé dans les métiers de l’aéronautique et de la logistique aéroportuaire à Casablanca (ISMALA), l’École de formation aux métiers de bâtiment et des travaux publics de Settat, l’Institut de formation dans les métiers du transport de et la logistique de Taourirt, l’Institut national du cheval Moulay Al Hassan Dar Essalem à Rabat, sans oublier le Complexe de formation aux techniques agricoles Bouknadel, le Complexe de formation de Figuig, et les deux établissements BTP (Marrakech, Zaio), créés avec la Fondation Mohammed V pour la solidarité.
Je tiens également à réitérer que ces nouvelles créations sont basées sur les besoins en ressources humaines consolidés par les études menées par l’OFPPT, les différents départements ministériels, les fédérations et associations professionnelles…
Quelles sont les filières les plus prisées par les étudiants marocains ?
Comment je viens de le rappeler, l’offre de formation découle de la stratégique adoptée par l’OFPPT, à savoir être le levier de la formation des ressources humaines et accompagner en ce sens les projets économiques structurants des secteurs prioritaires.
De façon globale, on assiste à des taux de 4 demandes par place offerte. Pour la campagne 2012-2013, 430 000 candidats seront inscrits, contre
172 000 seulement en 2002. Pour certaines filières, les taux enregistrés dépassent les 10 demandes pour une place. C’est le cas notamment de certaines filières du Tertiaire, les TIC, le BTP, le Transport, l’Audiovisuel, etc.
Pour résumer, je dirais que ce sont les secteurs en pleine croissance qui attirent le plus les jeunes, en raison des perspectives d’embauche qu’ils offrent.
Qu’en est-il de la formation continue ?
En matière de prestations aux entreprises, l’OFPPT a adopté une nouvelle approche avec comme principal souci d’élargir l’accès aux compétences, notamment en faveur des PME-PMI qui constituent 95% du tissu économiques et qui ont de grands besoins dans ce domaine.
Notre démarche s’appuie sur une offre globale, qui inclut l’ingénierie de formation avec une méthodologie éprouvée, la mise en œuvre de solutions adaptées à chaque opérateur en prenant en compte des besoins et du rythme de chaque entreprise…
Elle est soutenue par des atouts indéniables, en l’occurrence un réseau d’établissements dense et couvrant tout le territoire, des contenus de formation certifiés dans tous les secteurs (plus de 240 filières), un corps formateur spécialisé de 6 000 personnes.
Dorénavant, l’OFPPT proposera, à l’instar de la carte de formation initiale, une carte annuelle de formation continue, soit une offre préétablie dans laquelle les PME-PMI puiseront les formations qui correspondent à leurs besoins.
Où en est le processus de réforme des CSF ? Est-ce qu’il y a du nouveau ?
Je voudrais d’abord rappeler certains chiffres qui permettent de mieux cerner la problématique des CSF : sur quelque 1 300 entreprises actuellement bénéficiaires des CSF, les PME/PMI ne représentent que 2%. Donc peu d’entreprises marocaines font appel au système des CSF et seules les grandes entreprises en bénéficient.
Ceci nous pousse à penser qu’un sérieux problème se pose au niveau de l’efficacité même du système des CSF et de la prise en compte des besoins en formation des entreprises, principalement ceux des PME/PMI.
Ce constat doit être au cœur de toute réforme de la Gouvernance des CSF, dont je rappelle que nous sommes les premiers demandeurs, et ce, depuis 2008.
Aussi, nous avons proposé et vivement recommandé qu’une proportion de la TFP soit réservée à l’organisation, par l’OFPPT, dans le cadre de sa mission de base, de formations continues planifiées pour les PME/PMI, selon un programme annuel ou pluriannuel basé sur des besoins transversaux avérés et. Les entreprises bénéficiaires seront, de facto, exemptées de participation financière et de toute procédure.
Actuellement, les travaux de la commission tripartite (État, CGEM, syndicat) vont être redynamisés pour faire aboutir la nouvelle réforme de ce système, à travers l’adoption d’un projet de décret portant les dispositions de la nouvelle gouvernance qui maintiendrait le tripartisme souhaité par tous.